Rénovation énergétique globale : un objectif prioritaire pour l’Hexagone


Convaincus de la nécessité d’accélérer la rénovation énergétique du parc immobilier français, les pouvoirs publics préparent plusieurs mesures législatives dans ce sens. Etat des lieux avec Benoit Chaintreuil, expert rénovation énergétique au sein de la délégation marketing stratégique de GRDF et Héloïse Poss, responsable efficacité énergétique sur le marché de la copropriété au sein de Cegibat.

La rénovation énergétique des bâtiments constitue un passage obligé pour atteindre les objectifs fixés par la France en matière de réduction des consommations énergétiques et de limitation du réchauffement climatique. Sans cesse ajustés depuis le Grenelle de l’Environnement de 2007 - notamment par la loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015 et par la loi relative à l’énergie et au climat de 2019 -, ces objectifs intègrent désormais l’engagement emblématique de l’atteinte d’une « neutralité carbone » à l’horizon 2050, pris à la suite de la signature de l’accord de Paris sur le climat, qui suppose une division par 6 des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle du pays. « En somme, d’ici 2050, la consommation d’énergie du parc immobilier de l’Hexagone devra non seulement afficher une décarbonation quasi-complète mais également être fortement réduite pour respecter la norme BBC Rénovation, qui s’établit à une valeur pivot de 80 kWh Ep/m2/an », résume Benoit Chaintreuil, expert rénovation énergétique au sein de la délégation marketing stratégique de GRDF.

Deux pistes pour massifier la rénovation

Reste qu’une rénovation énergétique constitue une opération complexe, qui doit être menée au cas par cas. « Le syndic de copropriété a évidemment un rôle essentiel à jouer, autant dans la définition des objectifs que dans l’accompagnement », souligne Héloïse Poss, responsable efficacité énergétique sur le marché de la copropriété au sein de Cegibat. « Mais il ne peut pas être seul : les architectes, les bureaux d’études et le service public de la rénovation énergétique sont également des acteurs essentiels pour penser globalement un scénario de rénovation ».

Pour l’heure, même s’il existe peu de statistiques sur le nombre de rénovations effectuées, sujet sur lequel travaillent l’Ademe et le ministère de la Transition écologique, il semble clair que le nombre de rénovations ambitieuses n’est pas assez élevé au regard des objectifs fixés. Et pour cause : si la limitation de la consommation d’énergie s’avère généralement rentable pour les occupants des logements, les propriétaires bailleurs, eux, ont du mal à consentir à cet investissement. Pour pallier cette difficulté, deux pistes sont à l’étude du côté des pouvoirs publics.

  1. Réorienter les aides publiques, via la prochaine la loi de finances, vers les rénovations les plus ambitieuses. Les discussions en cours au parlement dans le cadre de l’examen du projet de loi portant sur la lutte contre le dérèglement climatique et le renforcement de la résilience face à ses effets devraient déboucher sur la définition de nouveaux critères pour qualifier le degré de performance des rénovations, et sur la fixation d’un cadre pour la mise en œuvre d’un service d’accompagnement obligatoire des ménages dans leurs travaux de rénovation énergétique.
  2. Créer de nouvelles obligations, en particulier interdire aux propriétaires la location de logements très énergivores. Sont ainsi concernés les logements considérés comme des « passoires énergétiques », classés en F (à partir de 2028) et G (dès 2025).

Une réforme pour fiabiliser le DPE

Sur le sujet du Diagnostic de Performance Energétique (DPE), une réforme pour le mettre à jour et surtout le fiabiliser est en cours, qui lui permettra d’acquérir un caractère juridiquement opposable, condition nécessaire pour que la politique de rénovation énergétique puisse s’appuyer sur cet outil. Concrètement, la méthode de calcul des consommations dite « conventionnelle » va être étendue à l’ensemble des bâtiments. Par ailleurs, l’échelle des classes énergétiques sera redéfinie : elle doit continuer de mesurer la consommation d’énergie primaire de chaque logement en y ajoutant – et c’est une nouveauté – la mesure des émissions de gaz à effet de serre. Objectif : inciter à une rénovation globale des bâtiments, qui concerne à la fois le bâti et les systèmes.

Cegibat, le centre d’expertise de GRDF, mène précisément plusieurs études pour modéliser les résultats des différentes possibilités de rénovation. Les premiers résultats font apparaître que la seule rénovation des systèmes permet en général de gagner une classe sur le futur DPE. Mais lorsque le bâti et les systèmes sont rénovés, les fameuses passoires thermiques peuvent atteindre un niveau C, y compris avec des solutions de chauffage et/ou production d’eau chaude sanitaire au gaz.

Soulignons, par ailleurs, que le nouveau DPE continuera à rendre compte de la valeur verte des logements, les logements les mieux classés sur la nouvelle échelle énergétique restant ceux qui génèrent les factures les plus faibles.

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