E+C- : l’indispensable collaboration

En ce début d’année, un sujet accapare toute l’attention : la future RE 2020. Alors que GRDF partage avec ses partenaires les enjeux de la transition énergétique, Pascal Delhomme, responsable national du logement social, et Antoine Sellier, responsable national de la promotion privée, reviennent sur les résultats de l’expérimentation E+C-. Au-delà des premiers chiffres, un véritable espace d’échange avec la filière du bâtiment est né pour travailler ensemble dès la phase de conception des programmes. Explications.

A l’approche d’une nouvelle réglementation, quelles leçons peut-on tirer de la RT 2012 ?

  
Antoine Sellier : Les pouvoirs publics ont mis en ligne les résultats des études thermiques faites sur les programmes immobiliers depuis plus de 8 ans. Soit un échantillon de 400 000 logements collectifs neufs dont 300 000 équipés de chaudières gaz. Notre conviction s’est révélée exacte : même équipés de la solution gaz, les bâtiments sont isolés au-delà du seuil réglementaire. Le choix des promoteurs pour une énergie efficace – le gaz – n’a pas été un frein à l’amélioration de l’enveloppe du bâtiment. Au contraire, une amélioration de 15% du coefficient de déperdition par rapport à la RT 2005 est constatée. Bref, les promoteurs ont pris leur responsabilité et ont fait des efforts.

 

Sans attendre la RE 2020, les pouvoirs publics ont lancé dès 2016 l’expérimentation E+C-. Pourquoi GRDF s’est inscrit dans ce schéma ?


Pascal Delhomme : L’expérimentation E+C- avait pour objectif de préparer la future réglementation RE 2020 et était totalement en phase avec la mission de GRDF qui consiste à accompagner la filière dans la transition énergétique. Nous nous sommes investis et avons apporté et partagé notre expertise avec les maîtres d’ouvrages et les bureaux d’études. Mieux encore, cette expérimentation a permis de créer un véritable espace d’échange entre nous et la filière du bâtiment dès la phase de conception des programmes.
 

 

Sur quel échantillon a porté cette expérimentation ?

Antoine sellier : Elle porte sur une quarantaine de bâtiments, soit 1600 logements sur l’ensemble du territoire avec des solutions énergétiques variées. Cet échantillon a été évalué avec la méthode E+C-. Puis on a modifié les paramètres pour voir comment évoluaient ces indicateurs.

Et quels enseignements avez-vous tiré de cette expérimentation ?

Antoine sellier : Tout d’abord, on ne peut être très performant en même temps sur les deux leviers, Energie et Carbone, sans renchérir les couts de construction par rapport à la RT2012. Il faut faire un choix.

 

Parlons dans un premier temps du Energie.

Antoine sellier : La consommation d’énergie d’un bâtiment diminue de façon sensible en jouant sur le bâti et permet d’atteindre les niveaux E1 ou E2. D’ores et déjà, on constate des niveaux de performance inférieurs de 5% à 15% par rapport au seuil RT 2012. Et le coût engendré par ces solutions n’entame pas la rentabilité des projets.

De son côté, le niveau E3 (bâtiment à énergie positive) est également atteignable avec un gain de 60% sur la RT 2012. Mais il faut accepter une hausse notable des coûts de construction et donc travailler sur des stratégies programmatiques très spécifiques. Généralement, ces bâtis performants combinent, entre autres, des chaudières individuelles gaz haute performance et des panneaux photovoltaïques.

 

Venons au second levier : le carbone.

Pascal Delhomme : Concernant l’indicateur Carbone, on a constaté la difficulté à mesurer dans la durée les émissions de Gaz à Effet de Serre sur l’ensemble du cycle de vie du bâtiment, qui va de la construction à la démolition.

On constate que le niveau C1 est atteignable en utilisant des matériaux spécifiques notamment sur le gros œuvre. Si ce n’est pas le cas, cela s’explique par des contingences particulières comme la nécessité d’un parking souterrain, une faible compacité, des fondations spéciales, etc.

Antoine Sellier : Le gaz combiné aux solutions de chaleur renouvelable et de récupération permet de baisser significativement l’indicateur Carbone. La chaudière se combine ainsi au solaire thermique, aux pompes à chaleur pour la production d’eau chaude ou la récupération d’énergie sur serveur (chaudière « numérique ») ou sur les fameuses eaux grises.

Au-delà, le véritable levier bas carbone est d’ores et déjà le biogaz. Le lien entre cette énergie stockable et renouvelable avec un bâtiment neuf va contribuer à le rendre de plus en plus décarboné.

 

Vous êtes donc confiant sur l’avenir ?

Antoine Sellier : Oui, car cette expérimentation E+C- a montré que le décloisonnement des filières était possible et nécessaire : il permet de concevoir des solutions durables et véritablement innovantes. Une chose est sûre, nous travaillerons désormais en partenariat étroit avec les promoteurs, les bailleurs et les bureaux d’études pour respecter ensemble la future RE 2020.

Pascal Delhomme : Le couplage de solutions gaz avec des constructions bois, le béton bas carbone ou la construction modulaire ont pu être initiées. Depuis, notre collaboration se poursuit et s’élargit en incluant l’approche quartier dite « smartgrids » et l’économie circulaire. L’autre sujet d’actualité sur lequel nous travaillons, c’est le confort d’été via les solution passives pour éviter un usage massif de la climatisation et les îlots de chaleur urbains.

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