Du gaz vert à la sauce normande


En 2017, Maëlis de Witte créait BinHappy, une société spécialisée dans le tri et la collecte des bio-déchets des restaurants pour les valoriser en compost ou en biométhane. Aujourd’hui, sa démarche vertueuse lancée au Havre ne cesse de s’étendre en Normandie et bénéficie à toute l’économie locale. Rencontre.

Avant, je prenais soin des hommes. Maintenant, je prends soin de la planète !

1er janvier 2016. La loi dite « Grenelle II » impose aux entreprises qui produisent plus de dix tonnes de bio-déchets par an – ce qui est assez fréquent dans les restaurants - de valoriser leurs déchets. « C’est l’année suivante que va s’opérer chez moi une grande prise de conscience en faveur de l’environnement », raconte Maëlis de Witte.

Infirmière de formation, elle occupait à l’époque un poste à responsabilité dans lequel elle ne se retrouvait plus, selon ses propres termes. « J’ai donc voulu lancer un projet qui avait du sens », explique-t-elle. « Avant, je prenais soin des hommes. Maintenant, je prends soin de la planète ! »

Inspirée par la nouvelle législation, elle co-fonde alors dans sa ville, au Havre, la société BinHappy. Sa raison d’être : créer une vaste chaîne vertueuse qui commence par accompagner les restaurants traditionnels et collectifs, les industries agro-alimentaires et les supermarchés dans la mise en place de solutions sur-mesure de tri des bio-déchets à la source, collecte ensuite ces bio-déchets pour les transporter sur une plateforme de traitement à proximité pour qu’ils y soient enfin transformés en compost ou en biométhane.

 

La loi de Transition énergétique impose à compter de 2024 un tri à la source

« Nous n’avons pas notion du gaspillage alimentaire dans nos sociétés, mais on atteint très vite ne serait-ce qu’une tonne de déchets », insiste Maëlis de Witte. Prenons l’exemple d’une cantine scolaire qui sert 400 repas par jour : à raison de 125 grammes de déchets par repas pendant 200 jours, la cantine atteint le seuil réglementaire de 10 tonnes ! Autant dire que de très nombreux lieux de restauration sont concernés partout en France. Et encore ce seuil va-t-il disparaître au 1er janvier 2024, la loi de Transition énergétique imposant à compter de cette date un tri à la source de l’intégralité des bio-déchets...

 

L'unité de méthanisation à Cléville (Calvados)

 

Nous réalisons avant tout un audit des flux de déchets, proposons ensuite une solution adaptée à chaque situation, formons au tri le personnel ainsi que les convives [...] avec notre camion au GNV, nous collectons les bacs pleins de bio-déchets et les remplaçons par des bacs vides et propres.
 

Former le personnel mais aussi les convives

Pour aider les entreprises concernées, Maëlis de Witte a construit une démarche structurée. « Nous réalisons avant tout un audit des flux de déchets, proposons ensuite une solution adaptée à chaque situation, formons au tri le personnel ainsi que les convives pour que tout le monde soit sensibilisé, adultes et enfants compris », précise-t-elle. « Ensuite, avec notre camion au GNV, nous collectons les bacs pleins de bio-déchets et les remplaçons par des bacs vides et propres ».

Les bacs pleins sont ensuite transportés jusqu’à l’unité de méthanisation situés à Cléville (Calvados). Là, ils sont enfin transformés en gaz vert, lui-même injecté dans le réseau de GRDF avec qui BinHappy a noué un partenariat non économique. Il sera ainsi utilisé pour chauffer les bâtiments raccordés avec des émissions de gaz à effet de serre divisée par cinq par rapport au gaz naturel.

Les déchets n’ont pas vocation à voyager

En fait, la société tire ses subsides de ses prestations aux entreprises. BinHappy compte d’ailleurs aujourd’hui plus de 60 clients, avec des entreprises comme Total, Safran ou les Hôtels Mercure, toutes bien conscientes que la récupération de leurs déchets a un coût.

Au-delà du Havre, elle compte des clients à Rouen, Fécamp, Deauville et Caen. « Nous voulons devenir un acteur incontournable en Normandie », lance Maëlis de Witte. « C’est un projet de territoire et les déchets doivent être valorisés localement. De toute manière, les déchets n’ont pas vocation à voyager… ». Il faut savoir, par ailleurs, que BinHpappy rémunère de son côté les agriculteurs pour la valorisation des déchets. Résultat, c’est toute l’économie locale qui profite de cette initiative.

 

BinHappy

  • Co-fondatrice : Maëlis de Witte
  • Année de création : 2017
  • Commune : le Havre, Normandie
  • Activité : tri, collecte et valorisation des biodéchets des restaurants, en compost ou en énergie
  • Pus de 60 clients à ce jour

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