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05.07.2022 - 10H58

Vers une démarche EnergieSprong à la française ?

Le procédé néerlandais de rénovation énergétique EnergieSprong présente de très nombreux atouts mais également certaines caractéristiques qui pourraient limiter son succès en France, estime Pascal Delhomme, chef de marché logement social au sein de GRDF, qui avance ici quelques optimisations suggérées par les bailleurs sociaux.

A l’heure où toutes les attentions se concentrent sur le carbone, le fait de ne pas détruire pour reconstruire offre un autre atout
 

Une nouvelle jeunesse aux bâtiments

« Massifier la rénovation des logements collectifs en France constitue un impératif absolu et le référentiel EnergieSprong, dont nous sommes un partenaire historique, apparaît comme une bonne solution, et pour plusieurs raisons », lance Pascal Delhomme, chef de marché logement social au sein la direction du développement de GRDF.

Sur le plan architectural, d’une part, les bénéfices sont évidents, avec des façades revues et modernisées qui confèrent une nouvelle jeunesse aux bâtiments. A l’heure où toutes les attentions se concentrent sur le carbone, le fait de ne pas détruire pour reconstruire offre un autre atout : ce procédé génère en effet beaucoup moins de cette fameuse « énergie grise » tant décriée. Le principe de la préfabrication hors site, ensuite, s’inscrit parfaitement dans le sens de l’histoire, avec ses gains de productivité, sa rapidité d’exécution et la possibilité laissée aux occupants de rester sur place.

« Comment, enfin, ne pas saluer l’implication et la réelle volonté des équipes de Greenflex, qui portent la méthode en France, de voir le biométhane entrer dans ce même référentiel, élargissant ainsi la palette des énergies renouvelables dans le concept originel néerlandais ? », souligne Pascal Delhomme.

« Maintenir une diversité de solutions, c’est indispensable pour atteindre l’objectif de neutralité carbone à un coût acceptable pour le consommateur », ajoute-t-il. L’opération lancée par l’OPAC 73, combinant EnergieSprong et gaz vert pour la réhabilitation de deux immeubles en Savoie, représente une illustration parfaite de la bonne intégration du biométhane dans ce référentiel.

Des coûts encore très élevés

Restent deux caractéristiques de la méthode qui mériteraient sans doute des ajustements pour que celle-ci puisse véritablement se développer dans l’Hexagone. La première concerne le prix, aujourd’hui très élevé par rapport à une rénovation dite classique. « Sur ce sujet, nous savons que plus le procédé sera employé, plus les prix seront orientés à la baisse », estime Pascal Delhomme.

Le second obstacle concerne la garantie de performance énergétique sur 30 ans à niveau énergie zéro. A nouveau, si le principe de maîtrise des charges pour les locataires est évidemment bienvenu dans un contexte de fort renchérissement du prix de toutes les énergies, il convient de bien faire attention à ne pas générer des charges de maintenance supplémentaires en raison de la mise en place de solutions trop complexes. Autrement dit, entre une chaudière THPE dont les coûts négociés par les maîtres d’ouvrage avoisinent les 600 euros et d’autres équipements plus onéreux à la durée de vie plus courte, le calcul mérite d’être fait.

Dans un genre tout aussi pragmatique, l’USH des Pays de la Loire vient pour sa part de créer une centrale d’achat pour les opérateurs hlm du territoire : l’association « M.A.S.H. » comme « Mutualisation d’Achat au Service de l’Habitat ». La centrale d’achat a donc comme objectifs d’apporter un gain économique, grâce à des économies d’échelle et à l’effet volume, et un gain de temps, par la mutualisation des procédures. « Il s’agit là d’une optimisation technico-commerciale de la démarche EnergieSprong », souligne Pascal Delhomme, qui précise que d’autres organismes mènent actuellement une réflexion semblable. « Il faut conserver les meilleurs atouts de la démarche et sans doute l’adapter aux spécificités de certains bailleurs qui n’ont pas besoin d’une garantie de performance, mais seulement de diminuer leur empreinte carbone en même temps que les charges de leurs locataires, tout en renforçant l’attractivité de leur patrimoine », indique-t-il.

Une bonne solution pour atteindre les objectifs de rénovation

En somme, pour GRDF, « l’association du travail de renforcement du bâti avec une nette amélioration de ses performances énergétiques et l’utilisation d’énergie renouvelables constitue la meilleure solution pour atteindre les objectifs de la stratégie bas carbone de la France qui a pour objectif de parvenir à rénover l’ensemble du parc de logements au niveau BBC Rénovation à horizon 2050 », résume Pascal Delhomme.

Le gaz vert a d’ailleurs toute sa place dans le futur paysage énergétique français. Rappelons à cet égard que le potentiel réaliste de 420 TWh/an de biométhane à horizon 2050 peut largement dépasser la consommation de gaz française à cette échéance. Pesant peu sur les finances publiques et profitant de réseaux déjà dimensionnés et adaptés, le gaz vert présente en plus un gage d’indépendance énergique pour l’Hexagone et de développement d’une économie circulaire. L’Europe elle-même a récemment donné une impulsion dans ce sens à travers son programme RepowerEU, qui prévoit notamment de doubler la production de biométhane en Europe. Tout semble donc aligné.

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