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27.01.2020 - 10H35

Le surcoût d’un bâtiment E1C1 ne dépasse pas 2% à 4%

A travers la Résidence Les Cépages, livrée fin 2016 à proximité de Nantes, La Nantaise d’Habitations a pu se rendre compte in situ de la faisabilité technique et financière du nouveau label E+C-. Mais également que cette intégration d’une évaluation environnementale basée sur le poids carbone représente une vraie révolution et de nombreux challenges. Rencontre avec Vianney Molle, Responsable de Programmes au sein du bailleur social.


Rien ne prédisposait les 39 logements collectifs de la Résidence Les Cépages, construite dans la commune des Sorinières à 6 kilomètres au sud de Nantes, à faire partie de l’expérimentation nationale E+C- conduite dans le cadre de la future réglementation énergétique RE2020 lancée en 2016. « L’implantation, les choix techniques et les niveaux de performance ont été décidés dès début 2014, soit 2 ans avant le lancement de l’expérimentation E+C- et les locataires sont entrés dans leurs appartements fin décembre 2016 », explique Vianney Molle, Responsable de Programmes au sein de La Nantaise d’Habitations, bailleur social très implanté sur l’ouest de la France, qui fait par ailleurs partie du groupe Action Logement. « Nous sommes sur un terrain qui borde un espace boisé classé et les architectes Berranger&Vincent ont placé nos bâtiments entre les arbres, en conservant quelques beaux sujets, avec un dialogue entre les façades en bois de la résidence et l’environnement forestier », précise le Responsable de Programmes.

 

Un niveau E1C1 atteint dès 2014

Résultat, le niveau de performance E1C1 était atteint dès l’origine, en 2014. « Nous avons été rattrapés par l’actualité et nous nous sommes insérés dans le label, ce qui prouve que les bailleurs sociaux s’imposent des niveaux élevés de performance dans une démarche vertueuse. L’un de nos bâtiments de cette résidence, le plus compact, atteint même le niveau E2C1 mais la labélisation étant liée au permis de construire, nous avons obtenu sur l’ensemble de l’opération le label E1C1 », indique Vianney Molle. Intéressons-nous aux principales caractéristiques de cette résidence : « en plus de sa conception bioclimatique avec de larges vitrages ouverts au sud, des protections solaires et une isolation renforcée » selon les termes de Vianney Molle, chaque logement possède une chaudière individuelle à condensation au gaz. Ceci pour dire que les performances énergétiques peuvent être atteintes avec des solutions classiques et éprouvées. En revanche, l’affaire se complique pour le bilan carbone. « Une étude d’analyse du cycle de vie est nécessaire pour un coût qui reste élevé, de l’ordre de 3000 à 5000 euros. De plus nous ne sommes pas encore habitués à ces problématiques. La mise à jour des fiches produits sur le carbone est en net progrès mais il subsiste un taux d’incertitude encore important », note le Responsable de Programmes de La Nantaise d’Habitations. Reste que le bailleur social a décidé que 10% de ses opérations réalisées à partir de cette année 2020 le seront en bas carbone. « Et demain, avec le biogaz, nous pourrons encore améliorer le niveau de carbone tout en faisant baisser le prix de la facture pour les locataires », ajoute-t-il.

 

Hors opérations spécifiques, le niveau C2 est inatteignable

En somme, à partir des différentes évaluations E+C- réalisées par La Nantaise d'Habitations, Vianney Molle estime que « pour des bailleurs sociaux soucieux de la qualité des biens, et à condition que les programmes soient un peu conséquents en nombre de logements, le coût pour atteindre le niveau E1C1 s’avère relativement faible, avec une augmentation de l’ordre de 2 à 4 % du prix global. En revanche, atteindre le niveau C2 est une gageure. Même en s’y prenant dès le début de la conception, entre l’impact carbone des emménagements extérieurs et la complexité de la gestion des stationnements, nous avons de vrais sujets. La gamme de prix change également du tout au tout. » L’état souhaite passer d’une réglementation basée uniquement sur un calcul de la performance technique à un double indicateur pour tendre vers une valeur environnementale. La prise en compte du carbone est nouvelle pour tous les acteurs, Etat, industriels, constructeurs, bureaux d’études, architectes et maîtres d’ouvrages. C’est une démarche innovante qui révolutionne l’acte de construire et c’est là que réside tout l’objet de cette expérimentation. D’ailleurs, pour Vianney Molle, « il faut féliciter la démarche participative de l’Etat et de ses services décentralisés pour expérimenter les nouvelles normes à grande échelle avant de lancer la nouvelle réglementation environnementale RE2020 ». Attendons maintenant de voir où les curseurs seront placés.

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