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16.06.2020 - 10H01

Châteauneuf : une commune s’engage en faveur de l’autonomie énergétique

A l’occasion de la construction d’un nouveau bâtiment, la commune de Châteauneuf-Grasse a choisi de faire un pas décisif vers l’autonomie énergétique. Une initiative remarquable qui s’inscrit dans une démarche locale bien plus large encore…

L’histoire de Châteauneuf-Grasse, petite commune résidentielle des Alpes-Maritimes nichée au sommet d’une colline qui permet à ses 3500 âmes d’apercevoir aussi bien la mer que la montagne, fait partie de celles qui rappelle l’étymologie du mot « politique ». Ici, ce qui est relatif à l’administration de la cité, à l’exercice du pouvoir et au dynamisme du cadre de vie a vraiment du sens. Une seule anecdote, pour bien poser les choses : lorsque, voici trente ans, le Club Méditerranée propose de s’installer sur place, le maire de l’époque y oppose une fin de non-recevoir et lui préfère, sur 14 des 900 hectares de la commune, un ESAT (Etablissement et Service d’Aide par le Travail) qui emploie trois cents résidents. Résultat, le célèbre club de vacances s’établit sur la commune limitrophe, Opio en l’occurrence. « Depuis trente ans, nous sommes un territoire avec une forte vocation sociale, et l’avons toujours privilégiée quand d’autres communes ont préféré s’orienter vers le tourisme », souligne Emmanuel Delmotte, le maire sans étiquette de Châteauneuf depuis 2014, qui vient d’ailleurs d’être réélu. En réalité, depuis cinquante ans, les trois seuls maires qui se sont succédé à Châteauneuf-Grasse ont tous suivi cette ligne, votant le budget le plus important à l’éducation et à la culture, à l’image de sa médiathèque comptant quelques 14000 ouvrages.

 

 

 

 

Première étape : l’autonomie alimentaire

Voici tout juste trois ans, en juillet 2017, la commune inaugure le complexe scolaire et sportif Le Plantier, aux choix techniques innovants, en particulier en matière d’autonomie énergétique. Une démarche qui se développe au sein des promoteurs privés comme des bailleurs sociaux mais qui est plus rare à l’échelle d’une commune… Avant d’évoquer ce point en détail, il convient de remettre les événements en perspective. « En réalité, tout commence par un projet territorial visant à atteindre l’autonomie alimentaire pour notre école primaire, notre crèche et nos personnes âgées », indique le maire de la commune. Avec l’ESAT, la ville réfléchit alors à la construction d’une cantine à proximité de ces installations et cherche dans le même temps à l’approvisionner uniquement grâce à des producteurs locaux, situés à moins de dix kilomètres à la ronde. A Châteauneuf-Grasse, on sera donc locavores, pour utiliser un néologisme à la mode !

 

A partir de là, le projet prend soudain une autre dimension. Aux 500 m2 dévolus initialement à la cantine et à la restauration se profile l’idée d’ajouter 500 m2 de sous-sols, ainsi que des équipements sportifs, comme un dojo de 150 m2, des salles de sport équipées de douches et même un club-house pour le tennis. Et c’est ainsi le projet affiche à l’arrivée une superficie totale de 1700 m2. « La cantine a effectivement un peu débordé », concède volontiers Emmanuel Delmotte. « Mais en évoluant, nous n’avons jamais mis de côté notre volonté écoresponsable. Avec GRDF, qui est partenaire de la ville depuis soixante ans, nous avons entamé une réflexion plus large sur l’énergie. Et c’est ainsi que de l’autonomie alimentaire, nous en sommes arrivés à nous orienter vers l’autonomie énergétique ! ».

 

 

 

Une micro-génération fonctionnant au gaz

Grâce à sa conception en BIM, le projet du bâtiment a ainsi pu être redimensionné et organisé avec des entreprises et un bureau d’études de la région. C’est encore grâce à l’expertise des équipes locales de GRDF que, pour la première fois en France, une micro-cogénération fonctionnant au gaz renouvelable, de 12 kWc seulement, a été installée. Celle-ci produit, à partir d’un gaz 100% renouvelable, la chaleur nécessaire au bâtiment, notamment le plancher chauffant, et de l’électricité consommée localement. La mise en place de récupération d’énergie thermique sur compresseurs de frigos, les chambres froides et les eaux usées permet en outre de produire l’eau chaude sanitaire des vestiaires. Enfin, une centrale de traitement de l’air double flux permet de répondre aux besoins de ventilation du complexe tout en conservant l’énergie thermique à l’intérieur du bâtiment. Les nuits d’été, le bâtiment profite ainsi de l’air frais extérieur pour faire du rafraîchissement gratuit. « Pour aller au bout de ce projet d’autoconsommation collective, pensé pour être évolutif, nous avons ajouté des panneaux photovoltaïques à la centrale gaz, pour disposer d’une source d’énergie locale et devenir producteurs, donc vendeurs, d’électricité », souligne le maire de Châteauneuf-Grasse. Pour autant, Emmanuel Delmotte tient à bien insister sur un point essentiel : « Nous allons certes vers l’autonomie mais pas du tout vers l’autarcie. Nous travaillons avec tous les agriculteurs et les sociétés des alentours et notre nouveau bâtiment est utilisé à 55% par les communes voisines ». Vu sous cet angle, l’autonomie a en effet une portée plus territoriale que locale.

 

Après un projet de cette envergure, le maire de Châteauneuf-Grasse a déjà d’autres idées en tête. Membre de la communauté d’agglomérations de Sophia-Antipolis, qui regroupe vingt-quatre communes, il travaille précisément sur le projet d’un site de production de biométhane qui recyclerait les déchets de toutes ces villes et leur fournirait ainsi du biogaz. « Un beau projet », lance-t-il, « qui permettrait d’accroître encore l’autonomie de notre territoire et s’inscrit bien dans l’avenir de la société ». Un projet, une fois de plus, à la portée éminemment politique, au sens premier du terme.

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