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13.02.2024 - 10H33

Comment transformer vos biodéchets en énergie ?

Depuis le 1er janvier 2024, le tri à la source des biodéchets est devenu obligatoire pour tous, donc également pour les copropriétés. Ce qui pourrait ressembler à une nouvelle contrainte présente en réalité de réels atouts. Voici quelques exemples.

Chaque collectivité doit étudier et identifier les solutions les plus pertinentes pour trier les déchets alimentaires à la source
 

Valoriser les biodéchets en biogaz

« Anti-gaspillage pour une économie circulaire ». Ainsi se nomme la loi votée en 2020 qui prévoit notamment « d’apporter à tous les Français une solution de collecte des restes alimentaires pour valoriser leurs biodéchets en biogaz ou en compost utile pour l’économie circulaire des territoires ». Cette même loi précise ensuite : « afin de mettre en place le tri à la source des déchets alimentaires des particuliers dans toute la France d’ici le 1er janvier 2024, chaque collectivité doit étudier et identifier les solutions les plus pertinentes pour trier les déchets alimentaires à la source et s’assurer que ceux-ci pourront être valorisés et non mis en décharge. »

 

 

En d’autres termes, tous les foyers des collectivités ayant mis en place des systèmes de collecte – par conséquent l’ensemble des copropriétaires, doivent désormais séparer, au sein de leurs ordures ménagères, les matières biodégradables des autres déchets. Libre à chacun de déposer ces biodéchets dans des bacs de compostage individuels ou collectifs, ou alors de profiter d’un système de collecte en porte-à-porte ou dans un point d’apport volontaire. Précisons ici que ces déchets organiques, à savoir les pelures de légumes et de fruits, les restes de repas et les déchets issus du jardinage, représentent tout de même 30% des ordures ménagères, soit quelques 70 kg par personne et par an.

 

La méthanisation de ces biodéchets permet d’ouvrir la voie de la valorisation énergétique en plus de la valorisation organique
 

 

Améliorer l’empreinte carbone des copropriétés

Les copropriétés doivent surtout prendre en compte les atouts de cette loi. D’une part, elle leur permet d’améliorer leur empreinte carbone. D’autre part, ce tri à la source ouvre la voie à une véritable valorisation des déchets, qui profite à l’ensemble de notre écosystème en limitant considérablement nos émissions de gaz à effet de serre. « La méthanisation et le compostage centralisé sont les deux modes de valorisation organique des déchets alimentaires collectés en grandes quantités », détaille Marie-Pierre Niel-Tran, directrice affaires publiques chez GRDF en Île-de-France. « Mais la méthanisation de ces biodéchets permet d’ouvrir la voie de la valorisation énergétique en plus de la valorisation organique : nos déchets alimentaires alimentent déjà les méthaniseurs franciliens pour produire du gaz vert, une énergie renouvelable et vertueuse puisque produite localement en circuit court. » Face au changement climatique et à l’envolée des prix de l’énergie en Europe, le biométhane représente donc une solution à la fois vertueuse, compétitive et compatible avec la neutralité carbone. Issu d’une ressource locale, le gaz vert permet par ailleurs de contribuer à l’indépendance énergétique de la France.

 

Le projet en chiffres

  • Communauté de Communes : Caux-Austreberthe
  • Bailleur social : Logéal Immobilière
  • Parc : neuf résidences pour 240 logements
  • Résultats : sur 8 mois, 1700 dépôts pour deux tonnes de biodéchets valorisés.

Les déchets organiques représentent 30% des ordures ménagères, soit 70 kg/personne/an

Deux tonnes de biodéchets valorisées en 6 mois

Point de collecte biodechetsA titre d’exemple, une initiative particulièrement vertueuse a été déployée au cours l’année 2023 dans le logement collectif social avec le concours de GRDF, de la Communauté de Communes de Caux-Austreberthe et de plusieurs entreprises de Seine-Maritime.

Trois points d’apport volontaires de biodéchets, en l’occurrence des abris-bacs de 600 litres connectés et dotés de contrôles d’accès, comprenant en plus un système de pesée embarquée, ont ainsi été mis en place à Barentin et Pavilly, auprès de neuf résidences gérées par le bailleurs social Logéal Immobilière, comptant en tout 240 logements. Chaque ménage s’était vu remettre gratuitement un bio-seau fermé pour descendre ses déchets alimentaires.

Les abris ont ensuite été collectés par la société normande BinHappy, experte dans la valorisation des déchets alimentaires, puis transportés dans un méthaniseur, pour y être transformés en gaz vert, lui-même injecté dans le réseau de gaz. Résultat, en huit mois, 1700 dépôts ont été comptabilisés pour deux tonnes de biodéchets valorisés.

 

Dès 2025, la mise en place du projet de site de méthanisation par les biodéchets à Gennevilliers porté par le Sigeif et le Syctom permettra de traiter 50 000 tonnes de biodéchets par an
 

 

Produire du gaz vert consommé localement

A Carrières-sous-Poissy, dans Les Yvelines, la société Tryon Environnement a, de son côté, mis en service une installation de valorisation locale de biodéchets alimentaires par méthanisation. A terme, elle permettra d’éviter l’émission de près de 15 000 tonnes de CO2 dans l’atmosphère et de revaloriser plus de 120 000 tonnes de biodéchets sur toute la durée d’exploitation, produisant 135 GWh de gaz vert qui sera ensuite consommé localement pour les mêmes usages que le gaz naturel, du chauffage à la cuisine jusqu’à l’eau chaude sanitaire.

En Île-de-France, GRDF compte déjà 47 sites qui injectent du gaz vert dans les réseaux, dont 36 sur le réseau de distribution. « Dès 2025, la mise en place du projet de site de méthanisation par les biodéchets à Gennevilliers porté par le Sigeif et le Syctom permettra de traiter 50 000 tonnes de biodéchets par an », indique Marianne Ricci, directrice territoriale Paris de GRDF.

 

 

Mais le gaz vert comporte encore d’autres vertus. Il se voit également utilisé sous forme de biocarburant, appelé BioGNV. Savez-vous, par exemple, que les bennes à ordures parisiennes circulent au BioGNV, tout comme une partie des bus parisiens et franciliens ? Résultat, les émissions de gaz à effet de serre et de particules fines se trouvent significativement réduites et la qualité de l’air améliorée.

A l’évidence, les bénéfices de la valorisation des biodéchets apparaissent aussi multiples que pertinents. Et les copropriétés se doivent de s’organiser pour contribuer dans les meilleurs délais à cette grande démarche environnementale, non seulement parce que la loi l’exige, mais parce qu’elles y ont tout intérêt.

 

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